Angela Merkel et la crise ukrainienne
27 novembre 2014Lors du débat, certains politiciens ont plaidé pour la détente avec la Russie. Ils ont reproché au gouvernement allemand tout comme à l'Union européenne de ne pas prendre suffisamment en compte les intérêts sécuritaires de la Russie au risque de provoquer une nouvelle Guerre froide.
"Personne ne veut commencer une nouvelle guerre froide avec la Russie", écrit l'éditorialiste du quotidien Die Welt. Personne ne veut mettre l'ours russe à genoux, mais quand un Etat pour la première fois depuis la fin de la Guerre en 1945 change unilatéralement les frontières en Europe, les Européens ne peuvent pas simplement hausser les épaules et vaquer à leurs affaires comme si de rien n'était ! Et tous ceux qui plaident pour une politique de détente, doivent savoir que même les pères de la détente John F. Kennedy et Willy Brandt se sont engagés pour une Ostpolitik, une nouvelle politique d'ouverture à l'est, seulement après l'apogée de la crise - et pas pendant ! Ceux qui tolèrent les effronteries du président russe en insistant sur la nécessité d'une détente, ceux là invitent Poutine, qui sait fort bien pressentir et lire les faiblesses et angoisses des Européens, à avancer encore plus vers l'Ouest ", prévient Die Welt.
"La Russie viole le droit international"
A Berlin, devant les députés de la Chambre basse, la chancelière a rappelé ses positions vis-à-vis de la Russie. Angela Merkel a clairement répété que "le comportement de la Russie remet en cause l'ordre pacifique qui prévaut en Europe et viole le droit international". La chancelière a cependant admis que des erreurs avaient été commises l'année passée lors des négociations en vue d'un traité d'association entre l'UE et l'Ukraine, projet qui- on le sait- n'a pas abouti. Mais, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle a souligné que cela ne justifiait en rien l'annexion de la Crimée par la Russie ! Et la chancelière a prévenu que la solution à la crise dans l'est ukrainien ne pourra pas être une solution militaire, mais diplomatique et que les efforts pour surmonter cette crise exigeront patience et persévérance".
Enfin, la taz, la tageszeitung de Berlin se montre critique vis-à-vis du discours de la Chancelière: "Que lira-t-on sur l'Allemagne dans cent ans par rapport à "2014 ", l'année de la guerre en Ukraine, de l'Etat Islamique et de la crise permanente en Europe du Sud ? Des discours de Merkel enveloppés dans de la ouate comme celui qu'elle a tenu devant le Bundestag. Selon l'éditorialiste, si Angela Merkel possède un bon instinct pour les problèmes de politique intérieure, elle manque de sensibilité pour les dangers qui menacent dans le domaine de la politique extérieure. Jusqu'ici, croit l'éditorialiste, elle a pu compenser cette faiblesse par des discours soporifiques. Parce que l'Allemagne a profité de la crise de l'Union européenne et que ni la crise en Ukraine, ni l'échec de la révolution arabe n'ont eu de conséquences notables sur le plan politique interne. Mais avertit la taz, cela peut changer ! "