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Economie

"C’est aussi notre combat"

Alexis Buisson
29 avril 2022

Le Libérien Brima Sylla a été en première ligne de la mobilisation pour créer un syndicat chez Amazon à New York. Rencontre...

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USA | Amazon Abstimmungsergebnisse
Image : Eduardo Munoz Alvarez/AP Photo/picture alliance

Il y a un mois, des travailleurs d'Amazon à New York votaient en faveur de la création d'un syndicat dans leur entrepôt sur l’île de Staten Island nommé JFK 8. Une première pour l'entreprise sur le sol américain. 

Depuis le début de la semaine et jusqu'à ce vendredi (29.04), un autre référendum très attendu est en cours dans un entrepôt voisin. 

Ecoutez le reportage de notre correspondant à New York

Derrière ce mouvement de syndicalisation se trouve un groupe de militants très motivés, des employés actuels et passés de la multinationale qui réclament de meilleures conditions de travail. Parmi eux, un Libérien s'occupe de mobiliser les nombreux employés africains francophones. 

Il s'agit de Brima Sylla, installé à New York depuis plus de vingt ans.

8 000 employés, des centaines de francophones

Comme il parle français, Brima Sylla s'est occupé de convaincre les nombreux francophones de l'entrepôt JFK 8 de voter pour le syndicat. En effet, plusieurs centaines de francophones - des Congolais, Gabonais ou encore Haïtiens - travaillent dans cet entrepôt gigantesque de 8 000 employés. 

"Je me suis dit que c’est aussi notre combat. On ne peut pas s'asseoir à l'arrière du bus. Il faut être là au début du mouvement", explique Brima Sylla.

Ancien enseignant à New York, Brima venait de passer un doctorat de politiques publiques en 2020 quand la pandémie a paralysé la ville. Comme les écoles et les universités ne recrutaient pas, il a trouvé un travail chez Amazon, dans l'entrepôt JFK 8, où il enregistre les commandes avant qu'elles soient mises dans des paquets et expédiées. 

Conditions de travail déshumanisantes

Dans le même temps, Brima remarque qu'un mouvement est en cours pour créer un syndicat. Mobilisés depuis la crise sanitaire de 2020, les militants réclament une meilleure rémunération, des congés maladie payés et une plus grande sécurité de l'emploi.

En effet, Amazon est souvent critiquée pour ses conditions de travail stressantes voire déshumanisantes. Et ce, alors que la richesse de son fondateur Jeff Bezos a augmenté de 70 milliards de dollars la première année de la pandémie. 

Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est le deuxième homme le plus riche de la Terre derrière Elon Musk selon le magazine Forbes
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est le deuxième homme le plus riche de la Terre derrière Elon Musk selon le magazine ForbesImage : Dennis Van TIne/Star Max//AP Images/picture alliance

Alors, Brima a commencé à essayer de convaincre ses collègues à travers des discussions en personne et des échanges dans un groupe WhatsApp pour employés africains. Il était plutôt confiant dans l'issue du vote. 

"C'était assez facile de convaincre les autres. Il fallait faire quelque chose pour changer. On a le pouvoir. Ils ne vont pas nous arrêter. La révolution va continuer. On veut obtenir de bonnes choses pour tout le monde car la situation économique n'est pas bonne."

Brima et ses camarades de l'ALU espèrent fêter une autre création de syndicat dans quelques jours. Un référendum interne a eu lieu jusqu’à ce vendredi 29 avril dans un autre entrepôt de Staten Island. Plus petit, il ne compte que 1 600 employés. Et il y a moins de francophones à convaincre. Mais Brima reste mobilisé.