Les conservateurs en Allemagne accusés de renforcer l'AfD
3 février 2025Favoris pour remporter le scrutin législatif du 23 février, l'union CDU/CSU a brisé un tabou d'après-guerre, la semaine dernière, en s'appuyant au Parlement sur les voix des députés de l'extrême droite pour tenter de faire passer des textes contre l'immigration.
En réaction, entre 160.000 et 250.000 manifestants étaient ce dimanche (02.02) à Berlin pour dénoncer ce qui est vu comme un rapprochement, voire une alliance, entre les conservateurs et l'extrême droite.
"Je ne veux pas que l'Allemagne soit gouvernée par des nazis. Et il vaut mieux descendre dans la rue à temps", explique l'un des protestataires. D'autres dénoncent une dérive "absurde" pour convoiter l'électorat de l'extrême droite en vue des législatives anticipées du 23 février. "Cela me fait peur, explique témoigne également une manifestante. J'ai vraiment peur pour ce pays que, comme dans d'autres pays européens, les choses évoluent vers la droite".
Un pari risque pour les conservateurs
Dans les sondages, les conservateurs observent un plafonnement, voire un recul. En fin d'année dernière, la CDU et son pendant bavarois, la CSU, bénéficiaient de 35% d'intentions de vote. Désormais, cette union est créditée de 30% des voix.
L'AfD, elle, progresse, avec des intentions de vote entre 20 et 22%.
Si Friedrich Merz, candidat de la CDU-CSU à la chancellerie, semble sortir fragilisé de la séquence de la semaine dernière, il compte bien maintenir le cap.
Devant les députés, il a estimé que l'AfD n'est pas ce qui préoccupe les citoyens, qui, selon lui, veulent des solutions "pour que les habitants de notre pays se sentent à nouveau en sécurité".
Friedrich Merz lie régulièrement la question de l'immigration à celle de l'insécurité, à l'image de ce que fait l'AfD, mais aussi, dans une certaine mesure, le parti social-démocrate du chancelier sortant, qui justifie les contrôles aux frontières par "la protection de la sécurité intérieure".
La CDU veut "un tournant dans la politique d'asile"
Les conservateurs présentaient ainsi ce lundi leur "Sofortprogram", soit un catalogue de 15 mesures à mettre en œuvre "immédiatement" en cas de victoire aux législatives, avec un focus sur la politique migratoire.
Le sujet est devenu le principal thème de campagne aux yeux des électeurs, devant l'économie. La CDU dit vouloir opérer "un tournant dans la politique d'asile", avec des contrôles permanents aux frontières, ou encore l'expulsion de tous les étrangers qui arriveraient sans papiers en Allemagne.
Le parti veut aussi revenir sur l'assouplissement des règles de naturalisation décidées par le gouvernement d'Olaf Scholz.
Cet agenda a poussé plus d'une centaine d'organisations de la société civile, dont les ONG Amnesty International, Caritas et Oxfam, à appeler les élus conservateurs à prendre leurs distances avec les thèmes de l'AfD qui "divisent" la société.