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Voiture et mobilitéAllemagne

L'automobile allemande face à la concurrence chinoise // Le Chili cherche encore les disparus de la dictature

6 septembre 2023

Comment se porte le secteur automobile allemand face à la concurrence chinoise, à l'heure de la transformation vers l'électrique ? On fait le point à l'occasion de l'IAA qui se tient à Munich. // Le Chili cherche toujours les disparus de la dictature Pinochet, 50 ans après le coup d'Etat qui a renversé Salvador Allende, le 11 septembre 1973.

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Depuis quelques temps, les stations de recharge poussent comme des champignons dans les rues des villes allemandes. Et de plus en plus, le ronronnement des moteurs à combustion cède la place au doux bourdonnement des voitures électriques - en réalité un son artificiel ajouté aux véhicules, qui seraient sans lui trop silencieux et donc dangereux.

Besoin de véhicules petits et bon marché

Une station de recharge pour véhicules électriques
De plus en plus de stations de recharge électrique en ville et sur les autoroutesImage : Jochen Tack/picture alliance

Le marché des voitures hybrides et électriques est en plein essor : près de 1,2 million en circulation en 2023, presque dix fois plus qu'il y a trois ans. A l'heure de la "mobilité durable", c'est un marché lucratif pour le secteur automobile : les Allemands dépensent aujourd'hui en moyenne 42.000 euros pour l'achat d'une voiture neuve ! 

Jusqu'ici, cela profitait surtout aux marques allemandes. A l'heure actuelle, elles détiennent environ 40% du marché des voitures électriques

Mais l'inflation et la hausse des taux d'emprunt font baisser la demande. Les Allemands se tournent vers des véhicules plus petits et moins chers, notamment d'importation chinoise.

"De nos jours, le rapport qualité-prix est très important pour les clients européens, (il y a donc) une forte demande pour ce genre de petits véhicules", confirme Johr Zhou, qui représente la société chinoise Dayun Auto : 

Le nouveau modèle électrique de Ford Explorer présenté à Cologne en mars 2023
Les constructeurs allemands ont jusqu'ici plutôt misé pour les modèles SUVImage : Roberto Pfeil/dpa/picture alliance

Des voitures de petite taille, faites surtout pour la ville, voilà ce que proposent les constructeurs chinois qui ont bien étudié le marché allemand.

Les modèles de plus grande taille coûtent 10 à 20 pourcent moins cher que leurs équivalents allemands. En Chine, les constructeurs chinois ont détrôné le pionnier américain Tesla en termes de ventes globales. Et le géant du secteur, BYD, a même ravi la place de leader du marché automobile à Volkswagen. 

La production de batteries, principal enjeu

Au salon automobile de Munich, l'entreprise chinoise a déployé les grands moyens, avec plusieurs modèles destinés au marché européen. 41% des exposants ont d'ailleurs leur siège en Chine.

Une menace directe pour les industriels européens, estime l'économiste Ferdinand Dudenhöffer, du Center Automotive Research :

Les stands de BYD à l'IAA ne désemplissent pas
Au salon de l'automobile IAA, rebaptisé Salon de la mobilité, les exposants chinois ont beaucoup de succèsImage : Christof Stache/AFP

"La Chine maîtrise la batterie, et la batterie est le cœur de la voiture électrique. A partir de là, il y a des entreprises comme BYD ou d’autres, avec des véhicules très innovants sur le marché, et cela inquiète beaucoup les constructeurs allemands".

Non seulement les constructeurs allemands ont fait l'impasse sur les petits modèles, mais en plus ils ne proposent pas tous leurs modèles en version électrique. L'Allemagne est-elle en train de rater le train de l'électromobilité ? 

"Si on regarde les groupes automobiles allemands, ils sont aujourd'hui structurés de telle manière que les départements de développement sont composés à 99,9% d'ingénieurs classiques, qui aiment la mécanique, qui aiment la carrosserie, qui viennent de la construction mécanique, mais qui n'ont jamais entendu le mot électrochimie", constate le professeur Dudenhöffer.

Le made in Germany a encore une bonne image

Le secteur-phare de l'économie allemande profite encore de son image, avec une meilleure finition des véhicules. Mais cela suffira-t-il ? Jürgen MIndel, de l'Association de l'industrie automobile VDA, reste toutefois confiant :

Une voiture de la marque VW en construction à Zwickau
La qualité des finitions convainc encore les acheteurs de voitures allemandesImage : Hendrik Schmidt/dpa/picture alliance

"C'est une force de l'industrie automobile, et surtout de l'industrie automobile allemande, de toujours s'améliorer grâce à la concurrence, donc de ce point de vue, nous nous réjouissons de la concurrence, mais nous allons très bien l‘affronter et la maîtriser".

Pour maîtriser la concurrence, Audi cherche par exemple à collaborer avec le leader chinois SAIC... Une sorte d'aide au développement pour le constructeur de luxe allemand, de la part de véritables spécialistes : si les Chinois sont à la pointe de la technologie en matière de développement de voitures électriques, c'est parce qu'ils ont bénéficié pendant 15 ans d'aides publiques de plusieurs milliards de dollars.   

"La Chine est infiniment dynamique. En Allemagne, on avance à un rythme d'escargot, quel que soit le domaine", déplore Ferdinand Dudenhöffer, qui recommande aux constructeurs automobiles allemands de "sortir un peu d'Allemagne". 

"Sans la Chine, nous sommes perdants"

Le problème, c'est que cette évolution va à contre-courant de la politique de l'Allemagne, qui veut réduire sa dépendance par rapport à la Chine. Une équation qui risque de coûter cher, prévient le professeur Dudenhöffer :

Un manifestant de Greenpeace proteste à l'IAA
Selon Greenpeace, l'industrie automobile continue de miser sur trop, et de trop grandes, voitures, et pas seulement en AllemagneImage : Angelika Warmuth/REUTERS

"Cette politique de fermeture envers la Chine est le plus grand poison pour l'avenir de l'industrie automobile allemande et de l'industrie allemande en général. Sans la Chine, nous sommes perdants".

Dans cinq ans, les Chinois pourraient s'être bel et bien installés sur le marché allemand, estiment les experts.

Les Allemands doivent donner un coup d'accélérateur au développement et à la numérisation de leurs voitures électriques et un coup de frein au prix de leurs véhicules. Sans cela, l'industrie automobile allemande risque de perdre le leadership sur son marché national. 
      
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Le Chili cherche encore les disparus de la dictature Pinochet

Une manifestation en mémoire des victimes de la dictature Pinochet au Chili
L'association des familles de disparus de la dictature organise régulièrement des marches en mémoire des 119 victimes de l'opération ColomboImage : Martin Bernetti/AFP

Le Chili commémore, le 11 septembre, le coup d’Etat mené il y a 50 ans par le général Augusto Pinochet. 

Avec l’appui des États-Unis, les militaires chiliens avaient renversé le gouvernement de Salvador Allende, le premier président socialiste élu démocratiquement en Amérique latine.

Pendant les 17 années de dictature qui ont suivi, plus de 3.000 personnes ont été tuées. Cinq décennies plus tard, des centaines de Chiliens alors arrêtés par la police de Pinochet sont toujours portés disparus. Et leurs familles continuent leur combat pour tenter de retrouver leurs défunts. A Santiago, le reportage de Naïla Derroisné.
 

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Politique, économie, histoire... Vu d'Allemagne est un podcast hebdomadaire sur l'Allemagne, avec un grand reportage international en seconde partie d'émission.