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SportAfrique du Sud

Afrique du Sud : le rugby séduit enfin dans les townships

Sophie Serbini avec agences
31 août 2023

Grâce à une équipe de plus en plus mixte, portée par son capitaine noir Siya Kolisi, les Springboks inspirent enfin les jeunes des townships.

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Südafrika Sport l Rugby, Training in einer Grundschule in Soweto
Image : Jerome Delay/AP/picture-alliance

Il y a quelques années encore, voir un ballon ovale dans les rues de certains quartiers sud-africains était inimaginable.

Malgré des victoires en Coupe du monde en 1995 et 2007, le rugby sud-africain a lontemps gardé, auprès des populations non-blanches, l'image de l'apartheid. Il faut dire que si l'équipe est officiellement mixte depuis 1992, elle ne l'est réellement que depuis quelques années. 

Le titre acquis en 2019 semble avoir changé la donne, notamment grâce à la présence de Siya Kolisi, premier capitaine noir de l'histoire de l'équipe, mais aussi de Makazole Mapimpi ou encore Cheslin Kolbe, tous deux auteurs d'essais lors de la finale remportée face à l'Angleterre. 

Une équipe plus mixte qui inspire les jeunes

A Tembisa par exemple, un township situé au nord de Johannesburg, sur la route qui mène à Pretoria, le rugby est de plus en plus populaire.

"Cela a beaucoup changé ces derniers temps. Beaucoup de gens sont très intéressés par le rugby maintenant, il y a des jeunes de partout, ils sont très intrigués par ce sport. Il y a un vrai développement", assure Siyabonga Mogale, joueur des Etalons de Tembisa, l'équipe de la ville.

Des Sud-Africains du township de Khayelitsha lors du Mondial 2019
Lors du sacre de 2019, l'Afrique du Sud des townships s'était prise de passion pour les Springboks comme dans le quartier de Khayelitsha au CapImage : Reuters/M. Hutchings

Après le titre de 2019, l'équipe sud-africaine a paradé pendant plusieurs jours dans tout le pays, y compris dans des célèbres townships, comme celui de Soweto.

Une grande première qui a permis à la population non-blanche de se sentir "plus proche" de l'équipe, assure Amohelang Motaung, le capitaine des Etalons de Tembisa, qui a quitté le football pour se mettre au rugby en 2019.

Des moyens toujours limités

Mais malgré un engouement véritable et l'exemple de Siya Kolisi, lui-même élevé dans un township de Port Elizabeth, le manque de moyens est un veritable frein au dévelopement du rugby dans ces quartiers, estime l'entraîneur des Etalons, Zwelakhe "Themba" Mawela.

"Nous voulons qu'ils aient des rêves, qu'ils aient de l'espoir, qu'ils sachent que c'est possible même si on est noir. Et bien sûr, en regardant les Springboks que nous avons actuellement, surtout Siya Kolisi, il y a de quoi être inspiré. Mais en l'absence de moyens adéquats, on ne pourra pas faire de miracles", affirme l'entraîneur. 

Siya Kolisi et Cyril Ramaphosa en 2019 avec le trophée de la Coupe du monde de rugby
En 2019, Siya Kolisi et Cyril Ramaphosa avaient soulevé le trophée ensemble, un symbole fort pour l'Afrique du SudImage : Imago Images/Kyodo News

En France, sur les 33 joueurs présents pour défendre les couleurs sud-africaines, 16 ne sont pas blancs, un record dans l'histoire des Springboks.

Un chiffre dont la fédération sud-africaine ne peut se contenter si elle veut que le rugby soit enfin le sport qui unit le pays. Un investissement massif pour promouvoir le rugby dans les townships semble obligatoire.