Adieu Artamis...
24 novembre 2008Le site Artamis un mot-valise pour désigner la contraction de l'art et des amis, était le plus grand squat culturel de Genève depuis plus de 12 ans. En octobre dernier les autorités l'ont fermé malgré de vives protestations pour l'assainir. La plupart des artistes ont été relogés mais n'ont plus de lieu de représentation. Beaucoup s'exilent. Marion Moussadek revient sur cet évènement.
Une énième manifestation festive a eu lieu à Genève samedi. La scène culturelle alternative résiste. Mais il est déjà trop tard. Le site Artamis, de 26 000 mètres carré, qui abritait pêle-mêle comédiens, metteurs en scène, sculpteurs, photographes, marionnettistes, cafetiers, musiciens... a été fermé. Muré même.
Mais cette fois, les autorités avaient une bonne raison de le faire: le sous-sol du site est contaminé par du cyanure et des hydrocarbures. Le site doit donc être assaini et, pour l'exemple, il devrait abriter le premier éco-quartier de Genève.
Artamis : une pépinére de talents
Il n'empêche. Plus de 200 artistes se retrouvent sans toit. Ou presque. La Ville et le canton en ont relogé une bonne partie. Problème: les prix ne sont plus aussi concurrentiels que dans l'ancien squat, et surtout, contrairement à avant, les artistes ne peuvent pas s'y produire. Ils peuvent seulement y travailler. Les autorités craignent en effet les nuisances sonores. Des ateliers sans public donc.
Artamis est né de la contraction de deux mots, "Art" et "Amis". En 1996, des artistes en tout genre l'investissent. Pendant 12 ans, la Ville le tolère et le site est très riche: on peut y voir des pièces de théâtre quasiment tous les soirs à un prix dérisoire, y voir un concert, aller y boire un verre dans une ambiance décontractée, ou encore y admirer des expositions.
De nombreux artistes suisses dont la carrière a pris une tournure internationale, comme Stéphane Dafflon ou Valentin Carron, qui exposent aujourd'hui à Paris ou à New York, ont pris leur élan à partir du site Artamis.
C'est donc tout un tremplin artistique qui s'en va avec la disparition d'Artamis. On craint un exode des artistes dont la production était si florissante ces 15 dernières années.
Sur les banderoles de la manifestation samedi, on pouvait lire "Artistes sans espace = Art triste".