A Durban, un accord au bout du suspense
11 décembre 2011Il aura fallu une longue journée de plus que prévu, mais la Conférence de Durban a finalement permis d'aboutir à un accord sur le changement climatique. Les négociations se sont achevées au petit matin, dimanche. Une feuille de route a été adoptée, qui mènera à un accord global en 2015, incluant pour la première fois tous les pays et plus seulement les nations industrialisées. L'entrée en vigueur effective de cet accord est prévue en 2020. En attendant, le protocole de Kyoto va être prolongé. Il devait prendre fin officiellement en 2012.
C'est le soulagement qui domine. La ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, qui présidait la Conférence, a estimé que ce compromis n'était certes « pas parfait, mais ne laissons pas la perfection être l'ennemi du bien ».
Les négociateurs ont également approuvé la mise en place d'un Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique.
Réactions mitigées
Après cet épilogue tant attendu, Norbert Röttgen, le ministre allemand de l'Environnement, évoque un succès. Selon lui, les Européens ont pris la bonne décision en restant à Durban jusqu'au bout. La commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard, a quant à elle regretté de n'avoir pas réussi à imposer un accord juridiquement contraignant, même si cette option n'est pas définitivement écartée.
Du côté des ONG, Oxfam n'a pas caché sa déception, parlant d'un accord à minima qui laisse « le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C ».
Chez Greenpeace, c'est également le scepticisme qui domine, même si Martin Kaiser reconnaît qu'il y a tout de même de quoi se réjouir : « C'est déjà un succès de voir désormais la Chine et l'Inde, avec le Brésil et l'Afrique du Sud, montrer qu'ils sont prêts à s'engager dans un accord global sur la protection du climat. Mais il y a toujours cette épée de Damoclès : il est probable qu'à la fin les Etats-Unis, à nouveau, ne suivront pas si l'accord devait être contraignant. »
La question du degré de responsabilité légale vis-à-vis des engagements pris dans le cadre de ce futur accord reste en effet à déterminer. Face à la vive opposition de l'Inde notamment, les Européens ont accepté une formulation décrivant le futur accord comme « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ».
Auteur : Sébastien Martineau (avec AFP, Reuters, DPA)
Edition : Konstanze von Kotze