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60 ans de DW Afrique: "Nous dialoguons avec les internautes"

Reliou Koubakin
2 août 2022

DW Afrique fête ses 60 ans. Rémy Mallet et Mireille Dronne témoignent du lien entre l'équipe DW et ses internautes et auditeurs.

https://p.dw.com/p/4FGtE

Le programme Afrique francophone de la DW fête donc, comme vous le savez, ses 60 ans. Alors, ils n’étaient bien sûr pas encore là lorsque nous avons commencé à émettre. Mais nos collègues Rémy Mallet et Mireille Dronne, qui représentent un peu la nouvelle et l’ancienne génération, ont discuté sur ces 60 ans de ce programme. Surtout, ce sont eux qui échangent régulièrement avec vous : Rémy Mallet pour les réseaux sociaux et Mireille Dronne avec vous au téléphone. Et dans le passé aussi par lettres, même si ce moyen de communiquer avec vous a depuis quasiment disparu. Ecoutez cette interview croisée que Reliou Koubakin a réalisée avec eux.  

 

 

DW : Tu es le "monsieur internaute" de la DW Afrique. Comment était ta relation au départ avec les internautes ?  

Rémy Mallet : Au début. En réalité, l'idée, c'était de créer en fait une relation assez saine d'informations et autres. Après, ce qu'on a commencé à constater, c'est que les internautes, ils aimaient bien discuter, ils aimaient bien quand on posait des questions en fait. Ils réagissaient en fait tout le temps. Donc, c'était vraiment assez intéressant de ce point de vue-là.

 

 

DW : Et toi, Mireille, la "dame auditeurs" ? 

Mireille Dronne : J'ai appris à les connaître petit à petit parce qu'à l'époque, j'ai créé le club des auditeurs. Et donc on a reçu... A l'époque, c'étaient surtout des lettres. C'était d'ailleurs très touchant. Quelques fois, on avait des lettres avec des beaux timbres et adressées en général à mon nom Mireille Dronne, ou quelques fois à Béatrice aussi, c'est selon, et dans lesquelles ils parlaient... Ils écrivaient aussi à la main. Donc, c'était encore quelque chose de, comment dire, d'assez joli. Quelques fois, ça mettait des mois avant d'arriver et on se sentait assez proches. Et là, c'était très intéressant parce que j'avais vraiment l'impression de faire partie de leur famille. On atterrissait dans la cour, on entendait le coq. Et puis voilà. Lui, il vous racontait qu'il était enseignant, il avait tant d'élèves. Voilà les problèmes qu'il rencontrait. Ou d'autres : un agriculteur qui disait voilà, c'est le moment des récoltes où il y a la sécheresse en ce moment.

Un auditeurs en Afrique
Un homme déplacé se tient au sommet d'une colline pour capter le signal radio et écouter les nouvelles près du camp de personnes déplacées de Bijombo, dans la province du Sud-Kivu, dans l'Est de la RDCImage : ALEXIS HUGUET/AFP/Getty Images

 

Rémy Mallet : Les internautes sont devenus de plus en plus exigeants en fait. Ils ont beaucoup de sources d'informations, ils ont beaucoup, beaucoup d'information eux-mêmes sur le terrain. Donc, ils deviennent beaucoup exigeants par rapport à tout ce qu'on fait. Donc, c'est pour cela que lorsqu'on poste quelque chose, ils réagissent directement. Et nous, ça nous permet aussi de faire des recherches pour pouvoir approfondir. On est vraiment dans le dialogue avec nos internautes et c'est ce qui fait la différence entre nous et les autres, parce que les autres postent des publications mais ne reviennent pas derrière pour faire du community management et pour parler avec eux.

 

Mireille Dronne : Maintenant sur Facebook, c'est c'est beaucoup plus anonyme, on ne sait pas d'ou sont les gens. Ils écrivent, on n'entend pas leur voix déjà et en plus ils ne racontent pas leur vie. Tandis qu'avant, en s'entretenant avec eux par la voix et en échangeant, on avait des relations beaucoup plus personnelles, beaucoup plus intimes, on va dire. Il y a des gens qui m'ont raconté un tas de choses comme ça au téléphone, sur leur vie privée, sur les enfants; ça pouvait être sur des problèmes de santé et enfin sur d'autres choses, tandis que là, c'est très bref sur les réseaux sociaux. Ce sont juste de petits commentaires et c'est beaucoup plus anonyme en fait.

 

Rémy Mallet : Ils nous considèrent souvent comme un média impérialiste, à l'image en fait de l'Occident aussi qui veut imposer une vision. Donc, c'est toujours assez difficile souvent de pouvoir dire que ce n'est pas le cas. Après aussi, il y a, il y a le fait que certaines personnes, moi par exemple, je viens d'Afrique. Donc, ils ne savent pas que c'est quelqu'un qui a vécu en Afrique par exemple, qui est en train de leur répondre ou qui est en train de parler avec eux. Dans le même temps, ou l'Allemagne continue d'avoir une certaine bonne réputation de qualité, ce qui va aussi avec la DW, dans le même temps aussi, le contexte mondial fait qu'on est aussi traité souvent en fait de média occidental. Et qui dit média occidental parle d'un média qui veut imposer une vision. Donc, on est toujours en fait dans ça. Mais l'idée, en fait, c'est comme je l'ai dit au début, chercher à créer un dialogue en fait, et dans le dialogue aussi. Il faut s'attendre aussi à ne pas recevoir seulement des commentaires qui vont dans le sens du poil.

Image symbolique Facebook Metaverse
Un logo Facebook imprimé en 3D est représenté sur un clavier devant un code binaire dans cette illustrationImage : Dado Ruvic/REUTERS

 

Mireille Dronne : Il y a un auditeur, par exemple en Guinée, qui a appelé sa fille Mireille Dronne, parce qu'il écoute, c'était un fan, il nous écoutait tous les jours. Une autre fois, il y en a un au Tchad qui nous a raconté... Il avait raconté que chez eux, ils étaient un petit peu éloigné de la capitale et que voilà, les femmes mouraient en se mettant sur le dos d'un âne ou d'un cheval pour aller en ville pour accoucher. Et les autorités avaient entendu ce message et du coup, ils leur ont mis une voiture à disposition, une ambulance pour emmener les femmes à l'hôpital à la ville la plus proche. Ça, c'est des choses qui marquent, évidemment, et on se dit wow, on sert à quelque chose, c'est fantastique, on a fait avancer les choses. Après, on a eu aussi des témoignages de femmes, par exemple, qui ont été excisées, tout ça. Et c'est très important de les laisser parler et qu'ellent s'adressent aussi aux autres. On est juste une courroie de transmission et ce sont des choses évidemment très souvent, qui vous donnent la chair de poule. Quand on parle des violences des femmes, qu'elles vous racontent ça, il y a des moments vous avez les larmes aux yeux et vous ne pouvez plus rien dire.