27 ans derrière les barreaux
6 décembre 2013Le 5 août 1962, Nelson Mandela est arrêté, en même temps que le communiste Cecil Williams. Il est condamné dans un premier temps à trois ans de prison, pour sortie illégale du territoire et appel à la grève. En fait, bien sûr, les activités politiques de Nelson Mandela, à la tête de la branche armée de l'ANC, dérangent le régime ségrégationniste. Le 7 octobre 1963, il est de nouveau sur le banc des accusés, avec dix autres militants. Commence alors le fameux procès de Rivonia, où Nelson Mandela assure lui-même sa défense.
« Nous voulons faire partie de la population et non être confinés dans des ghettos. Nous voulons pouvoir sortir après 23 heures le soir, et pas confinés dans nos chambres comme des enfants. Nous voulons avoir le droit de prendre la parole dans notre propre pays, et de chercher du travail là où nous voulons, pas là où le bureau du Travail nous intime de le faire. »
Un plaidoyer très fort, dans lequel Nelson Mandela se dit prêt à mourir pour l'égalité – et il risquait bel et bien la peine de mort. Finalement, Nelson Mandela est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité. Il ne sera libéré qu'en 1990. Le héros de la lutte anti-apartheid a donc passé 27 ans derrière les barreaux.
Témoignage d'un compagnon de cellule
L'un de ses camarades de cellule au bagne de Robben Island se souvenait de cette période au micro de notre correspondante en Afrique du sud, il y a quelques années. Kathrada Ahmed, qui a partagé avec lui plusieurs années en prison :
« Comme tout être humain, il n'est pas parfait. Il peut être têtu. Je me souviens quand il était clandestin, il avait une barbe. Il devait se cacher de la police. J'étais dans un petit comité qui veillait sur lui, et nous avons dit : 'Non, tu es très connu dans toute l‘Afrique du sud. Maintenant que tu es clandestin, il faut la raser', mais il a refusé. La vanité est l'un de ses défauts mais il reconnaît qu'il en a. »
Fin des années 1980, début 1990, le monde s'inquiète du sort de Nelson Mandela et manifeste en faveur de sa libération. A l'époque, le programme francophone de la Deutsche Welle en parle aussi.
Frederik de Klerk a finalement tenu parole, puisqu'en février 1990, c'est la libération. Un événement planétaire. Gérard Kalina, qui travaillait à l'époque dans notre rédaction, nous expliquait l'année dernière que jamais il n'oublierait ce jour.
Devenu le premier président noir d'Afrique du sud, en 1994, Mandela tend la main aux Blancs. Il multiplie les gestes de réconciliation et parvient à faire l'unanimité dans un pays traumatisé par la violence et le racisme.