Il y a cent ans : l'Allemagne "humiliée" par le traité de Versailles // Enfer pour réfugiés et habitants de l'île de Samos en Grèce | PROGRAMME | DW | 28.06.2019
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Il y a cent ans : l'Allemagne "humiliée" par le traité de Versailles // Enfer pour réfugiés et habitants de l'île de Samos en Grèce

Il y a cent ans, le 28 juin 1919, le traité de Versailles était signé, mettant fin officiellement à la première guerre mondiale. Un traité qui aura d'énormes conséquences à court et à long terme en Allemagne. Dans la seconde partie de ce magazine, reportage à Samos, en Grèce, où des réfugiés sont piégés depuis des mois, voire des années. Une situation compliquée pour eux, et pour les habitants.

Nous sommes le 28 juin 1919, en France, au château de Versailles, en région parisienne. C'est là qu'est signé le traité de Versailles, qui scelle la fin de la première guerre mondiale. Les combats se sont terminés en novembre 1918, quelques mois plus tôt. Cette guerre a fait dix millions de morts parmi les combattants et autant dans les rangs de la population civile. Le traité de Versailles se veut alors traité de paix et doit instaurer une nouvelle diplomatie. 

Trente-deux nations ont planché sur le texte pendant près de six mois, mais pas l'Allemagne ! "Elle est considérée, par les Alliés, comme le pays responsable du déclenchement de la guerre, et c'est la raison pour laquelle l'Allemagne ne participe pas aux négociations", explique aujourd'hui Agathe Bernier-Monod, maîtresse de conférences au Havre en France, spécialiste de l'Allemagne depuis 1914 et auteure d'une thèse sur le parlementarisme allemand. 

Deutschland 1919 Plakat Versailler Vertrag Gebietsabtretungen Reparationen

"Ce qu'on est censés perdre !" Affiche de protestation allemande contre le traité de Versailles

L'Allemagne fera tout de même des propositions pour la rédaction du texte, mais elles seront rejetées. Le pays est lourdement sanctionné. Il perd 15% de son territoire, doit rendre l'Alsace et la Lorraine à la France et des territoires au Danemark. Son armée est aussi limitée à 100.000 personnes et l'ancien empire démantelé perd ses colonies. Sur le plan financier l'Allemagne sera aussi condamnée à verser des milliards en réparations économiques. 

Ecouter aussi → Il y a cent ans, la fin de l'empire colonial allemand

Le poids de la France

Des sanctions lourdes, notamment sous le poids du président du Conseil français Georges Clémenceau. "La France veut prendre une revanche, notamment sur 1871, quand elle a cédé l'Alsace-Lorraine", explique Rainer Hudemann, historien allemand, professeur émérite de l'université de la Sarre en Allemagne et de l'université de la Sorbonne en France, spécialiste notamment des relations franco-allemandes. "La France poursuit une politique dure, même si elle ne peut pas, par exemple, annexer la rive gauche du Rhin, comme elle souhaitait. Mais la France avait particulièrement souffert, avec des combats directs sur son territoire, ce qui n'était pas le cas des territoires allemand, britannique ou américain. Il faut donc tenir compte de tout ça pour essayer de comprendre la situation".

Amerikanische Truppen in Aktion in der Nähe von Le Nefour, Frankreich

Combats en territoire français en 1918

Sentiment d'humiliation 

Conséquence du traité : le sentiment d'humiliation fait son chemin en Allemagne. Et bientôt la crise économique s'aggrave. "Pour financer la première guerre mondiale, l'empire allemand s'est endetté", explique Agathe Bernier-Monod. "Et le fait que l'Empire allemand soit désigné comme le seul responsable du déclenchement de la guerre, condamné à payer les réparations, cela va aggraver la dette et entraîner une hyperinflation", rappelle la maîtresse de conférences, évoquant les images des Allemands qui avaient besoin d'une brouette pour transporter un salaire, tant les billets étaient nombreux. 

Cette situation laissera bien souvent une mauvaise image du traité de Versailles dans la population. Les idées de paix et de multilatéralisme qui voient leur premières mesures concrètes à l'époque sont vite oubliées. On accuse même le traité de Versailles d'être à l'origine de la montée du nationalisme en Allemagne et à l'origine de la seconde guerre mondiale. "Mais le traité de Versailles n'est qu'un facteur parmi d'autre, absolument pas déterminant", corrige le professeur Rainer Hudemann. "La montée des nationalismes en Europe est bien antérieure au traité de Versailles, on y assite dans beaucoup de pays dès la seconde moitié du 19ème siècle".

Wirtschaftskrise Weimarer Republik Schlange vor Berliner Leihamt 1924

Le dollar, qui s’échangeait à 4,2 marks en 1914 passe à 4.200.000.000.000 marks le 20 novembre 1923

Droit à l'autodétermination

Le traité de Versailles est souvent discuté, remis en cause, parfois encore aujourd'hui. "Est-ce que, ce qui apparaît comme erreur, voire comme catastrophe, était évitable ?", questionne Rainer Hudemann. Et d'ajouter : "Mais ce traité est important, pour comprendre, par exemple, Viktor Orbán en Hongrie et son nationalisme exacerbé qui repose sur les règlements décidés entre 1919 et 1923. On a tenté à l'époque de réorganiser le système international, dans un monde en plein changement, avec les débuts des affranchissements des colonies par exemple. Dans ses conditions-là, imposer un nouvel ordre international était une oeuvre probablement infaisable de manière satisfaisante à cette époque", souligne-t-il encore. 

Il est important de noter aussi que le traité de Versailles reprendra en partie le concept de droit à l'autodétermination, le fait que chaque peuple puisse décider de vivre librement, sans influence étrangère. Mais la Société des Nations créée par le même traité réaffirmera dans le même temps son idée de "mission sacrée de la colonisation", justifiant les colonies. Les farouches défenseurs de l'indépendance devront encore, souvent, se battre pendant des décennies. 

 

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L'enfer des réfugiés à Samos

3.175 personnes vivent actuellement dans les camps de Samos, contre une capacité de 648 personnes, selon les derniers chiffresdu ministère de la Protection du citoyen

3.175 personnes vivent actuellement dans les camps de Samos, contre une capacité de 648 personnes, selon les derniers chiffres du ministère de la Protection du citoyen

Dans la seconde partie du magazine, Vu d'Allemagne poursuit sa série sur les personnes réfugiées, à l'occasion de la journée mondiale des réfugiés, le 20 juin.

Ecouter aussi → La vie de réfugiés au Royaume-Uni

Nous nous rendons cette semaine en Grèce, sur l'île de Samos, connue pour son vin doux mais devenue aussi, avec la "crise migratoire", synonyme d’enfer pour les migrants. Plus de 3.000 personnes sont piégées sur l’île depuis des mois, voire des années pour certains ! Un enfer partagé aussi avec les habitants de l’île qui s’estiment oubliés et qui dénoncent une dégradation de leur quotidien. Reportage de Thomas Iacobi à suivre dans la deuxième partie de l'émission.

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