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La France gendarme de l'Afrique

Marie-Ange Pioerron6 décembre 2013

L'Afrique dans la presse allemande de la semaine qui s'achève, c'est tout d'abord la République Centrafricaine. Le conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution autorisant une intervention militaire française.

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Troupes françaises patrouillant en RCA
Troupes françaises patrouillant en RCAImage : Reuters/Emmanuel Braun

Comme le souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la France est contrainte de faire jouer son influence. François Hollande rêvait d'échapper comme président français au rôle de gendarme de l'Afrique. Mais après l'intervention au Mali, il prépare à présent une deuxième grande opération militaire sur le continent africain. La priorité de la mission en Centrafrique, note le journal, sera de sécuriser les deux principaux axes routiers, la route nationale 3 vers le sud et la route nationale 1 vers le nord du pays. Les coûts des opérations militaires à l'étranger risquent d'exploser en 2013, poursuit la FAZ. La cour des comptes a déjà calculé que la France devra dépenser cette année 1,25 milliard d'euros pour ses interventions militaires à l'extérieur, l'an passé les coûts se sont chiffrés à 817 millions d'euros. Mais, note plus loin le journal, nul ne sait comment Paris imagine l'avenir politique de la Centrafrique. Le président déchu François Bozizé a trouvé refuge à Paris. Le Quai d'Orsay insiste néanmoins pour garder ses distances envers Bozizé. Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, privilégie le premier ministre Nicolas Tiangaye comme interlocuteur. Tiangaye passe aussi pour l'homme de confiance du président tchadien Idriss Deby qui exerce une influence grandissante en République centrafricaine, ajoute le journal.

Eléphants au Kenya
Eléphants au KenyaImage : Tony Karumba/AFP/Getty Images

Des pachydermes en danger

D'un sommet à l'autre, la presse allemande s'interesse aussi au sommet qui vient d'avoir lieu à Gaborone, au Botswana. Il a été convoqué pour sauver les éléphants d'Afrique, alors que l'hécatombe se poursuit. Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature , si le braconnage se poursuit au rythme actuel, il y aura 100 000 éléphants de moins dans dix ans. 37 pays étaient invités, 13 sont venus, note die tageszeitung, mais seulement deux pays africains, le Botswana et la Zambie , ont signé la déclaration finale de la conférence de Gaborone sur la protection des 500 000 éléphants encore en vie en Afrique. Parmi les pays africains dans lesquels les éléphants sont le plus gravement menacés, un tiers seulement était présent, principalement avec des représentants sans pouvoir de décision, déplore le journal. Le trafic de l'ivoire, ajoute notre confrère, s'étend à une allure vertigineuse, principalement en Chine. Le prix a triplé depuis 2008. Il atteint à présent 2 000 euros par kilo. Selon l'UICN, l'union internationale pour la conservation de la nature, le trafic d'ivoire est aujourd'hui aussi lucratif que le trafic de diamants ou de cocaïne.

Dans la ville de Huambo
Dans la ville de HuamboImage : picture-alliance/ZB

Musulmans mal aimés en Angola

Et puis alors qu'en Centrafrique la tension est dans certains endroits très vive entre chrétiens et musulmans, en Angola on a fermé une mosquée. Et des photos publiées sur les reseaux sociaux ont provoqué la colère en dehors de l'Angola. Ce sont des photos qui font penser à un pogrome, écrit la Süddeutsche Zeitung: des éclats de verre, des ruines fumantes, une mosquée calcinée. Dans la bande de Gaza on a brûlé des drapeaux angolais. Entre-temps il a été confirmé que ces photos étaient des faux, qu'il s'agissait de vieilles photos prises au Nigeria. Le gouvernement angolais n'a pas interdit la pratique de l'islam, souligne le journal, mais il harcèle pourtant les musulmans. En Angola les communautés religieuses doivent se faire accréditer pour pouvoir construire des lieux de culte. Les 83 groupes autorisés jusqu'à présent sont tous chrétiens. Une mosquée a été fermée la semaine passée dans la ville de Huambo alors que dans une autre ville, Saurimo, une communauté a été contrainte de raser un minaret. Les musulmans, note le journal, sont ultra minoritaires en Angola: environ 100 000 personnes sur 18 millions d'habitants. Ce sont principalement des migrants , en proie à l'hostilité des politiciens locaux comme des groupuscules évangélistes. Dans un jugement de Salomon, ajoute le journal, le gouvernement central a qualifié les deux parties de sectes: les évangélistes comme les musulmans.

Membres du MNLA dans le nord du Mali
Membres du MNLA dans le nord du MaliImage : Kenzo Tribouillard/AFP/Getty Images

Problèmes toujours non résolus au Mali

En Afrique de l'ouest, le Mali retient aussi l'attention des journaux. Le nord du pays a connu ces derniers jours de nouvelles violences, et surtout le MNLA, le Mouvement national de libération de l'AZAWAD, a dit vouloir reprendre les armes contre le gouvernement central de Bamako. Il a annoncé qu'il mettait fin à l'accord de cessez-le-feu conclu en juin dernier. Pour die tageszeitung, si cette annonce a suscité l'indignation, elle n'a rien de surprenant. Le moment est bien choisi pour accroître la pression sur le gouvernement de Bamako. La rébellion touarègue pense sans doute au second tour des élections législatives, à la mi-décembre. La crainte est grande à Bamako que des violences entachent le scrutin. Si le MNLA se fait déjà menaçant dans la perspective de ces élections, le gouvernement de Bamako sera contraint d'agir. De fait, poursuit le journal, rien n'a été fait ces derniers mois pour trouver une solution durable pour le nord. Beaucoup de discussions ont porté sur le sort du leader putschiste Amadou Haya Sanogo, et non sur les problèmes récurrents du Mali. Mais le MNLA a aussi sa part de responsabilité . Tant qu'il y aura en son sein des fractions qui exigent un Azawad indépendant, il ne pourra y avoir aucune base de négociation. Le sud du Mali fait bloc contre toute scission du pays.

Et puisque nous parlons du Mali, sachez encore que la Frankfurter Allgemeine Zeitung rend hommage cette semaine dans ses colonnes à l'écrivain malien Moussa Konaté. L'une des grandes figures de l'opposition intellectuelle à l'ex dictateur Moussa Traoré. Dans l'un de ses derniers livres "L'Afrique noire est-elle maudite" il semblait ne plus croire que l'Afrique noire échappe à sa malédiction, écrit le journal. Moussa Konaté est mort le 30 novembre. Il avait 62 ans.