Spéculations autour de l'emploi d'armes chimiques en Syrie
13 avril 2018"La destruction d'armes chimiques déclarées en Syrie est terminée", avait annoncé l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) en janvier 2016.
Le hic, c'est bien le "déclaré". Depuis que Bachar el-Assad a donné son accord à l'OIAC pour détruire tous les stocks d'armes chimiques dont dispose l'État syrien en 2013, les doutes persistent.
Des centaines de tonnes de gaz toxiques et bases chimiques pour la fabrication d'armes ont été détruits sous l'observation de l'OIAC - mais les soupçons selon lesquels il resterait des stocks et des laboratoires s'accumulent.
D'autant plus depuis l'attaque aux gaz chimiques sur la ville syrienne de Khan Cheikhoun en avril 2017. Plus de cent personnes avaient été victimes d'une frappe au gaz neurotoxique sarin, une frappe attribuée à l'armée syrienne par la Commission d'enquête internationale indépendante de l'Onu, établie par la Commission des Droits de l'Homme des Nations unies pour recueillir les preuves de crimes commis dans le conflit syrien depuis 2011.
Selon différents experts, il ne serait pas étonnant si tous les stocks et sites de productions n'auraient pas été découverts. Premièrement à cause de la guerre qui était en cours lors de l'opération. Et deuxièmement parce qu'il ne faut ni beaucoup de place ni de grandes ressources pour produire du sarin.
Certitudes occidentales, accusations russes
Concernant l'attaque de Douma, la chancelière allemande Angela Merkel a dit jeudi (12.04) qu'il semble "évident" que les armes chimiques syriennes n'ont pas été entièrement détruites. Le président français Emmanuel Macron dit d'avoir des preuves que du gaz de chlore a été utilisé dans l'attaque de Douma. Quant aux États-Unis, ils se disent certains que le régime syrien est derrière cette attaque.
L'armée russe, de son côté, affirme détenir des "preuves" de la "participation directe" du Royaume-Uni à la "provocation dans la Ghouta orientale". Le porte-parole de l'armée accuse Londres d'avoir exercé "une forte pression" sur les Casques blancs syriens pour la "mise en scène" de l'attaque chimique que dénoncent les Occidentaux.
Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a appelé les membres du Conseil de sécurité à "agir de manière responsable".
Les difficultés de l'enquête de terrain
Pour éclairer ce qu'il s'est réellement passé à Douma, les dix experts envoyés par l'OIAC vont recueillir des témoignages et prélever des échantillons du sang des victimes sur les lieux de l'attaque.
Les échantillons vont apporter plus de clarté et peut-être même des pistes qui mèneront aux coupables. Les résultats finaux devraient arriver d'ici trois à quatre semaines, selon l'OIAC.
La commission d'enquête internationale indépendante de l'Onu a salué l'envoi d'inspecteurs de l'OIAC et s'est félicitée que Damas ait promis un "accès complet, sans entraves" et une "liberté de mouvement" aux personnels de l'organisation.
Dans le même temps, elle a souligné l'importance de "préserver les preuves" sur le terrain. Elle appelle les autorités compétentes "à s'assurer qu'aucune partie ne dénature les sites suspects, objets, témoins ou victimes avant que les observateurs et enquêteurs indépendants ne puissent accéder aux lieux".
L'attaque de Douma a fait plusieurs dizaines de morts, selon les secouristes. Le régime syrien a nié toute implication et dénoncé des "fabrications" faites par les rebelles.