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Le M23 accusé d'exploiter le coltan de Rubaya

Saleh Mwanamilongo
15 mai 2024

La société civile du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, accuse les rebelles du M23 d'exploiter illégalement les minerais à Rubaya. Elle affirme que le prix du coltan a plus que doublé.

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Une mine de Rubaya, vue du ciel (archive de 2018)
Le M23 a pris le contrôle début mai 2024 de la cité minière de Rubaya, d'où est extrait coltan, minerai stratégique pour l'industrie électroniqueImage : DW/S. Schlindwein

En RDC, Voltaire Batundi, président de la Coordination de la société civile du territoire de Masisi, affirme que les rebelles du M23 exploitent illégalement le coltan, un minerai stratégique pour l'industrie électronique. 

Selon lui, le prix d'un kilogramme de coltan est récemment passé de 30 dollars à 70 dollars depuis la prise de la cité de Rubaya par le M23.

"Ils sont à Rubaya, ils sont dans les carrés miniers. Ils ont distribué des bèches… il y a eu deux camions qui sont venus avec des bèches pour les donner aux gens afin de creuser. Donc l'exploitation minière se porte bien à Rubaya. Toutes les preuves sont réunies pour dire qu'ils sont venus pour les minerais", regrette Batundi. 

Voltaire Batundi  affirme aussi que ces minerais sont ensuite acheminés vers le Rwanda.

Difficile de confirmer ces faits par une source indépendante, mais ce qui est sûr, c'est que la cité de Rubaya, désormais sous le contrôle du M23, est une zone stratégique en raison de ses ressources minières. Ses environs sont riches en coltan, cobalt, étain, tantale et tungstène.

Du coltan posé dans un couvercle (illustration)
Le contrôle et le trafic des minerais demeurent des problèmes persistants au Nord-Kivu, une région sujette aux conflits armés impliquant les groupes locaux Image : Imago Images/photothek/M. Gottschalk

''Les exploitants vont payer des taxes"

Du côté du groupe rebelle, on dément l'exploitation de ces mines.

Dans un communiqué, le chef de la rébellion de l'AFC/M23, Corneille Nangaa, a ainsi interdit à tout le personnel militaire et civil du mouvement d'accéder aux sites miniers. 

Contacté par la DW, le gouvernement rwandais, accusé par les Nations unies de soutenir le M23, n'a pas donné suite à nos questions.

Reagan Miviri, chercheur à Ebuteli, partenaire de recherche du Groupe d'étude sur le Congo, le GEC, estime que le contrôle de Rubaya par le M23 devrait lui permettre d'étendre son influence.

"On peut dire que c'est la première mine active que le M23 a sous son contrôle maintenant, et c'est clairement qu'ils (les rebelles du M23, ndlr) vont participer à cette chaîne d'approvisionnement, d'une manière ou d'une autre, avec des minerais stratégiques comme les 3T (étain, tungstène et tantale, ndlr)", dit Miviri.

''Les exploitants vont payer des taxes auprès d'eux, ils vont aussi sécuriser le trafic jusqu'à Bunagana pour l'évacuation", affirme-t-il encore.

La localité de Rubaya est située à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Goma, au cœur d'une zone minière de premier ordre, qui alimente un vaste trafic de minerais.