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La presse germanophone s'inquiète des dettes africaines

Hugo Flotat-Talon
23 février 2018

La dette des états d'Afrique subsaharienne augmente rapidement. Le journal Neue Zürcher Zeitung appelle à une réaction rapide sur le continent, sous peine, sinon, d'une nouvelle "décennie perdue".

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Nigeria Symbolbild Korruption
Image : picture-alliance/AP Photo/S. Alamba

On a beaucoup parlé sécurité dans la presse allemande et germanophone cette semaine après la conférence de Munich, mais pas uniquement. Il est aussi question d'économie dans les journaux. Avec un constat alarmant d'abord fait par la Neue Zürcher Zeitung en début de semaine : "Dans la moitié des 49 pays d'Afrique subsaharienne, l'endettement financier a grimpé très rapidement ces dernières années". "En moyenne, ça représente plus de 50% du PIB".

Alors le journal nous explique que le problème n'est pas africain, l'endettement existe aussi en Europe, par exemple. "Mais pour certains états du continent, ça grimpe très vite", décrypte le journaliste. La faute aux prix des matières premières qui chutent depuis 2014 et aux prêts parfois très nombreux faits par certains états.

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Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

"Alors, pour les plus optimistes, il n'est pas trop tard pour réagir", dit le journaliste, "mais il faut pour cela très rapidement investir dans des politiques à long terme". Qu'est ce que ça veut dire ? "Il faut investir, dans des économies qui rapportent", dit le journaliste. "Ca veut dire pas seulement dans les matières premières mais dans des secteurs moins sensibles aux variations de prix : la fabrication de produits, les services ou encore l'éducation".

Une mise en garde du journal, "pour ne pas répéter les erreurs du passé et ne pas perdre une nouvelle décennie", implore le journaliste. Avant de conclure : "Pour ça il est urgent, aussi, que les gouvernements soient mis face à leurs responsabilités".

Déby se bouche les oreilles

Tschad Präsident Idriss Déby Itno
Image : Getty Images/AFP/A. Jocard

Des gouvernements souvent plus pris par les crises politiques que l'économie. C'est ce qui transparait en tous cas en lisant la presse encore cette semaine. Exemple avec la tageszeitung, mardi, qui illustre un article sur le Tchad avec une photo du président Déby qui met un casque audio sur ses oreilles, "pour ne pas écouter les protestations dans son pays", écrit le journal.

"Le pays de 14 millions d'habitants est empêtré dans une grève générale depuis le début de l'année", rappelle la taz. "Le Tchad à du pétrole, mais les bénéfices ne sont pas investis et même si le pays a l'armée la plus puissante de la région, beaucoup d'habitants sont tout simplement pauvres, parfois trop pour faire grève", raconte la tageszeitung qui dépeint une situation plus que préoccupante : "Les opposants n'osent même plus rentrer chez eux. Et le président a annoncé des élections pour 2018. Mais elles sont déjà en retard de trois ans".

Quel avenir pour l'opposition au Zimbabwe ?

Autre pays qui a beaucoup retenu l'attention cette semaine, la Zimbabwe, après la mort de Morgan Tsvangirai. "Le plus grand opposant à Robert Mugabe est mort", explique la Frankfürter Allgemeine Zeitung à ses lecteurs. Les journaux évoquent sa vie, la cérémonie d'inhumation mardi, puis se projettent évidemment pour la suite. "Des élections doivent avoir lieu entre le 22 juillet et le 22 août", dit la FAZ.

"Mais il sera difficile pour l'opposition déchirée sans son chef de trouver un nouveau départ", prédit, peu optimiste, la Süddeutsche Zeitung. "Trois députés se disputent sa place de leader", décrypte la tageszeitung à son tour. Le journal, en guise de conclusion, relaye un appel de l'opposant en exil Giyani Dube : "L'heure de la discipline et de l'unité est arrivé".

Le cinéma mondial perd une grande voix venue d'Afrique

Et puis, en pleine Berlinale, il fallait chercher un peu, mais on trouvait quelques hommages au réalisateur burkinabè Idrissa Ouedraogo cette semaine, mort à 64 ans. "Il a montré des images du Burkina dès 1989 dans les cinémas allemands", raconte la Stuttgarter Zeitung. Idrissa "aura essayé de construire des ponts entre cinéma du nord et du sud de la planète toute sa carrière", explique encore le journal. "On lui reprochera d'ailleurs, une vision parfois trop occidentale dans ses films", rappelle la Frankfürter Allgemeine Zeitung. "Il n'empêche que le cinéma mondial vient de perdre une voix importante", conclut le journal.

 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_