Coup d'accélérateur pour la force G5 Sahel
22 février 2018Après le sommet de Niamey au début du mois, la lutte anti-terroriste doit passer à la vitesse supérieure et surtout, elle est l'affaire de tous. Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, l'a répété lors de la Conférence internationale sur la sécurité qui s'est tenue le week-end dernier à Munich.
"Quel que soit l'engagement des États de la région, cette menace dépasse largement les capacités de la région et du continent. Il s'agit du terrorisme, des trafics criminels transfrontaliers, du djihadisme. Les trois sont des menaces à la paix et à la sécurité dans le monde. Il faut une mobilisation au niveau universel pour répondre à cette menace."
Manque de matériel et de formation
L'Allemagne et la France, en particulier, veulent accélérer la mise en place de la force conjointe. Les deux pays participent à la mission de l'ONU au Mali, où la situation s'est fortement détériorée. Sur le terrain, les attaques sont quasi-quotidiennes. Cette semaine encore, deux militaires français ont perdu la vie dans l'explosion d'une mine artisanale.
La force G5 Sahel, à laquelle participent le Burkina, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, existe déjà depuis 2015. Elle dispose d'un quartier général, situé à Sévaré, au Mali, ainsi que d'un commandement conjoint.
Deux opérations ont déjà été menées en coordination avec la force française Barkhane dans la zone des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina, où les djihadistes ont étendu leurs attaques.
Mais il manque encore des équipements et de la formation pour les 5.000 soldats qui doivent être déployés d'ici la mi-2018. Le président du Burkina, Roch Marc Christian Kabore, demande de la patience.
"Vous savez très bien que lorsque vous parlez de mise en place d'une force conjointe, qui doit lutter contre les terroristes, il est tout à fait normal que de leur côté aussi ils s'agitent pour empêcher la mise en place de cette structure. Mais je dois pouvoir vous assurer que nous avons pris l'engagement que même si les moyens promis ne sont pas encore mis à disposition, les États vont prendre leurs responsabilités pour assurer ces missions, en attendant de recevoir le matériel et les moyens de transport qui ont été promis dans le cadre des accords que nous avons eus avec la communauté internationale. Ca va se faire très rapidement."
De l'argent aussi pour le développement
Les donateurs, dont font partie l'Arabie saoudite, l'Union européenne et les États-Unis, ont déjà promis environ 250 millions d'euros pour la force G5 Sahel. L'objectif de la conférence de Bruxelles est donc de dépasser les 300 millions. Parallèlement, les appels se multiplient à aller plus loin que la seule action militaire. Tiéman Coulibaly, le chef de la diplomatie malienne:
"Nous sommes convaincus que l'action militaire ne pourra prospérer que si en même temps nous mettons en œuvre des actions de développement".
La question devrait être également abordée à la conférence de Bruxelles. L'Alliance Sahel, lancée par l'Allemagne et la France en juillet 2017, a identifié 400 projets de développements dans les zones les plus vulnérables, pour un coût estimé à six milliards d'euros sur les quatre prochaines années.