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Au Burkina, la lutte contre le terrorisme avant tout

Charles Bako
31 octobre 2023

A Ouagadougou, le débat est focalisé sur l'insécurité et la priorité pour les militaires au pouvoir reste la lutte contre le terrorisme.

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Le président de la transition au Burkina Ibrahim Traoré lors d'une intervention
Le président de la transition au Burkina Ibrahim TraoréImage : Alexey Danichev/AFP

Le collectif syndical de la Confédération générale des travailleurs du Burkina Faso a annulé sa manifestation prévue ce mardi (31.10). Les autorités burkinabè ont en effet refusé de l'autoriser, estimant que dans un contexte sécuritaire critique, un tel rassemblement pourrait menacer la cohésion sociale. Cette mobilisation désirait protester contre les atteintes aux libertés démocratiques et syndicales qui seraient commises par le pouvoir militaire en place à Ouagadougou. 

Un rassemblement suspendu

La bourse du travail, lieu du rassemblement prévu pour la manifestation de la CGT-B, était vide aujourd'hui. Les organisateurs ont en effet annulé la mobilisation, n'ayant d'autre choix après que les autorités burkinabè ont demandé que cet événement soit suspendu.

La manifestation de la CGT-B pour dénoncer la gestion de la transition était donc perçue comme pouvant nuire aux objectifs visés par le pouvoir militaire.

Abdoul Kader Ouattara, alias Almamy K.J, est musicien et secrétaire général du syndicat national des artistes-musiciens, membre du collectif de la CGT-B, selon lui : "le président de la  délégation spéciale de la ville de Ouagadougou a tout d'abord reconnu que la manifestation est légale parce qu'il faut signifier ici que pour organiser une telle manifestation publique, on n'a pas besoin  d'autorisation. C'est simplement une lettre d'information à l'endroit de l'autorité. Et c'est ce qui a été fait par le collectif d'organisation."

"Nous sommes en guerre"

Les organisateurs du meeting dénoncent toutefois la suspension. Ils parlent d'un coup porté aux libertés d'opinion et de manifestations. Abdoul Kader Ouattara dit ne pas penser que "la situation sécuritaire puisse empêcher la tenue d'un meeting d'interpellation et de dénonciation". Selon lui "il faut dire que la seule chose qui dérange le pouvoir actuel, c'est le fait que des organisations de syndicats et de la société civile ne partagent pas le même point de vue".

Il assure par ailleurs que le constat a été fait "que les tenanciers du pouvoir n'acceptent que ceux qui font leur louange. Quand vous êtes dans un pays et qu'il n'y a pas de voix pour dénoncer un certain nombre de choses, ce n'est pas intéressant. Tout d'un coup, tous ceux qui dénoncent sont arrêtés et envoyés au front".

Des soutiens du pouvoir

L'annulation de la manifestation de la CGT-B, selon les autorités, serait liée aussi au risque d'infiltrations et de violences capables d'engendrer une fracture sociale dans un contexte sécuritaire déjà préoccupant.

L'Union des activistes du Faso, un mouvement qui soutient la junte au pouvoir, dans une correspondance en date du 23 octobre, avait aussi demandé l'annulation de la marche de la CGT-B. 

Abdoul Kader Ouédraogo, membre de l'Union des activistes du Faso, soutient cette décision et affirme qu'il faut suspendre la démocratie.

Des soutiens de la transition au burkina tenant une pancarte
Les soutiens de la transition ne manquent pas de se manifester lors de rassemblementsImage : Yempabou Ouoba/REUTERS

"On a décidé de soutenir ce pouvoir" explique-t-il avant de poursuivre en précisant que "nous sommes en guerre. Depuis le 17 octobre, on a appris l'annonce du meeting parce qu'il y a la vie chère et des enlèvements. A la suite de cette annonce, nous avons appris que des citoyens voulaient s'affronter avec des armes blanches. On a décidé de consolider la paix en demandant l'annulation du meeting. Si nous voulons avancer, on n'a qu'à arrêter la démocratie, ça ne nous fait pas avancer".

Dans sa plateforme revendicative du 14 octobre, le collectif syndical CGT-B a dénoncé les atteintes aux libertés d'opinion et d'expression, les intrusions des autorités de la transition dans les affaires judiciaires et l'interdiction des activités des partis politiques et organisations de la société civile. 

Les initiateurs de cette manifestation affirment rester mobilisés et attendre de se réorganiser en fonction de l'évolution de la situation.