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A Ouagadougou, on questionne l'honnêteté du régime militaire

Charles Bako | Avec agences
19 janvier 2024

Au Burkina, l’annonce d’une tentative de coup d’Etat déjouée par la junte est sur toutes les lèvres. La DW est allée recueillir des réactions à Ouagadougou.

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Ibrahim Traore
Les réquisitions par l'armée de personnes critiques du régime ont été dénoncées au BurkinaImage : Kilaye Bationo/AP/picture alliance

Au Burkina Faso, les autorités militaires burkinabè ont annoncé cette semaine avoir déjoué une "énième tentative de déstabilisation". Plusieurs officiers militaires ont été arrêtés, dont l'ancien chef d'état-major de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Evrard Somda.

Dans les rues de Ouagadougou et sur les réseaux sociaux, c’est l’information dont tout le monde parle. Les plus fervents soutiens à la junte félicitent les autorités d’avoir déjoué cette nouvelle tentative, mais d’autres émettent des doutes sur la fiabilité de cette information

Selon cet habitant, "de nos jours, on ne doit même plus parler de coup d’Etat. Nos ennemis aujourd’hui, ce sont les groupes armés terroristes. Ça ne servira à rien encore un coup d’Etat"

"Ce que je reproche au gouvernement, c’est que chaque fois, il y a des annonces, mais on ne voit pas les coupables", estime un autre résident de Ouagadougou.

Escales : l'engagement politique

Lors de l’annonce du coup d’Etat déjoué, le ministre de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a expliqué que "ce réseau, qui implique aussi bien des militaires en fonction que des militaires radiés, des civils et des activistes, entre autres, planifiait de déstabiliser les institutions du Burkina Faso."

Les annonces se suivent et se répètent 

Fin septembre, le gouvernement avait déjà affirmé avoir déjoué "une tentative de coup d'Etat". 

"Il ne faut pas qu’il y ait des annonces similaires chaque fois. Sinon, on ne prendra plus ça au sérieux. Mais si c’est avéré, il faut une réaction avec des preuves", estime un habitant interrogé par la DW à Ouagadougou.

Une autre résidente de la capitale burkinabè assure que "nous attendons la suite pour voir ce qui va se passer. C’est à ceux qui sont aux affaires de mieux nous éclairer. Maintenant, si c’est une manipulation pour rester au pouvoir, nous ne savons pas. Ce qui est sûr, c’est que nous allons prier pour eux". 

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"Freiner l’élan" de la transition

Le Burkina Faso est dirigé par des militaires issus de deux coups d'Etat en 2022. "La vision aujourd’hui du capitaine Ibrahim Traoré n’est peut-être pas compris de l’ensemble du peuple burkinabè, affirme un Ouagalais. Ce qui veut dire qu’il peut toujours y avoir des Burkinabè et des personnes venant de l’extérieur qui ne comprennent pas cette vision et qui veulent mettre fin à cette vision. Et donc, les coups d’Etats ne vont pas manquer. Les gens vont toujours dans cette posture de freiner l’élan".

La pays est confronté depuis 2015 à des violences djihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Ces violences ont fait près de 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.